La surveillance quotidienne à distance de la fonction pulmonaire d'enfants atteints d'asthme sévère mal contrôlé n'a pas permis de réduire la fréquence des exacerbations, dans une expérience française.
Certains patients présentent un asthme sévère mal contrôlé et de fréquentes exacerbations malgré un traitement optimal, ce qui entraîne un recours important au système de santé, en particulier des hospitalisations, rappellent le Dr Antoine Deschildre du CHRU de Lille et ses collègues dans un article à paraître dans l'European Respiratory Journal (ERJ).
Des études pilotes ont montré la faisabilité d'utiliser un spiromètre et de transférer les données enregistrées par téléphone ou internet aux équipes soignantes, leur permettant de savoir quand intervenir rapidement.
Les chercheurs ont donc voulu savoir si le recours à la télémédecine permettait de réduire la fréquence des exacerbations sévères chez des enfants avec un asthme sévère mal contrôlés.
Ils ont inclus 50 enfants de 6 à 16 ans, atteints d'asthme allergique sévère, puis les ont randomisés en deux groupes, l'un avec une prise en charge classique et l'autre avec un traitement suivi par télémédecine, pour une année.
Tous les patients recevaient un traitement optimal de fond et disposaient des traitements de secours. Des visites de suivi ont été prévues tous les quatre mois. Les patients suivis à distance ont reçu en plus des instructions pour utiliser correctement un spiromètre; les mesures étaient transmises par modem à l'hôpital pour analyse par un médecin.
Si un déclin du volume expiratoire maximal en une seconde (VEMS) était détecté avec une valeur inférieure de 80% de la valeur prédite, le médecin devait contacter les parents de l'enfant pour leur indiquer comment ajuster le traitement; si le VEMS tombait entre 60% et 80% de la valeur prédite, le médecin généraliste était appelé et si le VEMS était inférieur à 60%, le médecin devait évaluer la nécessité d'administrer un corticoïde oral rapidement et appeler le généraliste ou le pédiatre de l'enfant.
L'analyse des données pour 44 enfants indique que le nombre médian d'exacerbations sévères par patient était de deux parmi les enfants surveillés à distance et de trois dans le groupe contrôle, soit une différence non significative au plan statistique.
Il n'y avait pas non plus de différence significative entre les deux groupes pour le nombre de jours de traitement par corticothérapie systémique, en médiane de 10 jours pour les enfants suivis à distance et de 12 jours pour les autres.
Le nombre des visites non prévues chez le médecin et des hospitalisations était également similaires.
Enfin, aucune différence significative n'a été observée dans la posologie de la corticothérapie inhalée, dans la fonction pulmonaire ou la qualité de vie.
Cette étude, financée par un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), n'a pas permis de démontrer l'intérêt de la télémédecine pour réduire les exacerbations sévères et le recours aux soins chez les enfants atteints d'asthme sévère mal contrôlé, concluent les chercheurs.
(European Respiratory Journal, édition en ligne du 18 août)
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