jeudi 27 août 2009

Les technologies de l'Information et de la Communication pour l'efficacité énergétique: un enjeu sociétal et économique

Pour remettre l'Europe sur les rails, c'est ensemble que nous allons devoir agir, et cela, dès maintenant. Il faut des actions réparatrices à court terme mais aussi, etsurtout, générer des solutions ayant un impact durable sur l'économie en vue derelancer la croissance future. C'est l'approche de la Commission et je vais vousprésenter le rôle des technologies de l'information et de la communication dans cecontexte global avec un accent particulier sur leur contribution à la lutte contre lechangement climatique et à l'amélioration de l'efficacité énergétique.Dans ces moments d'incertitude économique, on ne soulignera jamais assezl'apport vital, en termes de croissance économique, des technologies del'information et de la communication. Exploitons pleinement leur potentield'innovation et les réponses qu'elles apportent aux défis sociétaux et économiques.Quand je parle des TIC, je ne parle pas uniquement des investissements dans lesinfrastructures et dans les produits mais aussi, et en fait bien plus, des services etdes applications fondées sur les TIC. Les TIC génèrent des modèles économiques nouveaux et des opportunitésinnovantes. Elles contribuent à réduire les coûts et, par là-même, améliorent laproductivité (50% de la croissance de la productivité) et la compétitivité de notreéconomie. Cela veut dire que tout investissement structurel dans ce secteurengendrera une croissance économique et des emplois dans tous les domaines del'économie, de manière horizontale.L'Union Européenne est pionnière lorsqu'elle investit dans la recherche et qu'ellestimule l'utilisation de nos technologies au service du citoyen et de l'économie. Lebudget communautaire consacré à cette recherche est de 10 Mrd d'Euros sur 7 ansdont 800 Millions pour l'innovation pure et les projets de démonstration et 400millions pour l'efficacité énergétique. Cette année, nous concentrons 65 millionsd'Euros sur les bâtiments et les smart grids, les infrastructures de distributiond'électricité intelligentes.Dans le cadre de la relance, l'Union Européenne a prévu 3 partenariatspublics/privés sur les thèmes de la voiture verte, des bâtiments efficaces en énergieet, le dernier, sur les usines du futur. Cette recherche collaborative transfrontalière,qui réunit entreprises -grandes et petites-les start-up, les universités, est essentiellepour faire avancer l'économie. Vu que nous avons déjà l'expérience de notreinitiative "voiture intelligente" et des efforts de recherche y afférant, nous mettronsrapidement en place les structures pour faciliter le démarrage rapide de ces projets.Mais revenons à la conjoncture et aux technologies vertes au service de l'industrieet de l'économie.La relance économique est le défi européen et mondial. Cette relance estétroitement liée à la sécurité énergétique et à la lutte contre le changementclimatique. La politique Climat/Energie est sans aucun doute l’une des principalespriorités de l'UE et le restera pour les années à venir, même dans les années audelàde la crise.L’amélioration de l'efficacité énergétique est déterminante pour atteindre lesobjectifs européens de 20% d'économie d'énergie et de réduction d'émissions deCO2 d'ici à l'horizon 2020. Des mesures spécifiques visant à accélérer cesaméliorations ont été examinées lors du récent Conseil de printemps.Lors de ce même Conseil, le rôle/outil des technologies de l'information et de lacommunication permettant de trouver des solutions à tous ces enjeux, a étésouligné. Dans quelle mesure et comment?Vous avez entendu au G20 que l'Europe n'est plus seule dans la lutte contre lechangement climatique.Je vais commencer par citer l'exemple des Etats-Unis qui, dans le cadre de leurprogramme de relance économique mettent l'accent sur les technologies vertes, surla recherche et sur la sécurité énergétique. Leur intention est consacrer 150milliards de dollars sur 10 ans pour que chercheurs, entrepreneurs et ingénieurs,ensemble, fassent des avancées en matière d'approvisionnement énergétiquerenouvelable, de biocarburants de la prochaine génération, de voitures électriqueset assurent la transition vers une infrastructure électrique digitale. Ces initiativesseront, d'après les USA, créatrices de 5 millions d'emplois.L'Europe s'est occupée de tous ces problèmes bien avant. L'année dernière déjà,dans le cadre de ma communication sur l'utilisation des TIC pour améliorerl'efficacité énergétique, que les innovations basées sur ces technologies peuventfournir l'un des moyens les plus efficaces pour réaliser les "objectifs 2020" deréduction d'émissions et d'économies d'énergie. En effet, les gains d'efficacitéénergétique rendus possibles par les TIC, réduisent les émissions de carbone de15%.Nous sommes ici face à une révolution en matière d'efficacité énergétique.Notre première communication de mai 2008 avait identifié les nombreuses façonsdont les TIC pourraient contribuer aux gains d'efficacité énergétique. La secondecommunication, adoptée par la Commission le 12 mars dernier, a exposé le premiercadre politique pour la mise en oeuvre des TIC afin d'améliorer l'efficacitéénergétique.Elle identifie des actions concrètes pour le secteur des TIC, pour les gouvernementsdes Etats membres de l'UE, pour leurs administrations régionales, locales etcommunales. Elle met en lumière l'importance de partenariats de travail entre lesecteur des TIC, le secteur de l'énergie et d'autres secteurs d’activité où lesrésultats sont les plus prometteurs.Il y a une condition préalable au succès de nos actions: toutes les partiesconcernées doivent s’accorder sur un langage commun et une action commune.Nous avons besoin de lignes claires et pas de "greenwashing".C'est pourquoi j'ai lancé, lundi dernier, une consultation publique en ligne, ouverte àtous, pour que tous les acteurs impliqués dans cette initiative de grande envergureaient la même compréhension des enjeux en cause, des objectifs fixés, de lamanière d'y arriver, en résumé: de qui fait quoi et pour quand.Permettez-moi maintenant d’en venir aux éléments principaux de notre politique, le"quoi".Le premier rôle que les TIC doivent jouer est celui de permettre (pour reprendrel’expression des Nations Unies) de mesurer, quantifier et vérifier les progrèsaccomplis. Ceci est nécessaire non seulement pour le secteur des TIC, qui a desprogrès à faire pour améliorer sa propre efficacité énergétique, mais pour tous lesautres secteurs au niveau macroéconomique.Nous invitons le secteur des TIC à se mettre d'accord collectivement sur desdonnées exactes et comparables en matière de performance énergétique;notamment au niveau des systèmes qui soutiennent les opérations de fabrication etde service.La législation actuelle de l'UE impose des exigences environnementales eténergétiques pour une série de produits des TIC, y compris les ordinateurs. Avecnotre nouveau cadre, nous allons plus loin en nous concentrant sur lesaméliorations au niveau d’un système complet (un bâtiment, une usine, une ville)qui ne seront pas réalisées simplement en optimisant la performance de chaqueélément individuellement, mais en optimisant la façon dont ces éléments travaillentensemble.Les outils des TIC vont permettre à ce processus d'optimisation d'être réalisé etd'être mieux compris.Deux secteurs ont été identifiés comme offrant le plus grand potentiel d'améliorationde leur efficacité énergétique. Il s'agit du bâtiment et de la construction, et de lalogistique pour le transport de fret.Nos études nous disent que les TIC pourraient permettre de réduire jusqu'à 17% laconsommation d'énergie des bâtiments et de 27% les émissions de CO2 destransports d'ici 2020. En particulier, le secteur TIC doit créer des partenariats detravail dans le bâtiment et le transport, afin d'élaborer des solutions adaptées, surmesure, pour réduire l'empreinte énergétique et les émissions de CO2 dans lesdeux secteurs.Les États membres, aussi, ont un rôle primordial à jouer pour encourager, parexemple, le déploiement de compteurs d'électricité et d'énergie intelligents, lessmart meters dans toute l'UE pour 2020. Ceci est un objectif commun.Le compteur intelligent peut fournir des flux d'informations allant dans deuxdirections, vers l'amont et vers l'aval: vers le fournisseur d'énergie et vers leconsommateur. Il peut aussi être muni de dispositifs automatiques qui allumeront etéteindront les appareils et machines au moment le plus économiquement opportun.Les essais sur le terrain de ces compteurs intelligents ont indiqué que leurplacement dans les habitations privées conduit à des diminutions de consommationd'électricité de 10%. Étant donné l'échéance de 2020 et la durée de vie moyenne de10 à 15 ans d’une nouvelle installation de compteurs, il faut agir de suite pourpromouvoir ces installations. Toute demi-mesure est contre productive!Nous invitons donc les États membres à se mettre d'accord sur des exigencesminimales pour les compteurs intelligents, permettant le développement d’unmarché européen et donc d'un tissu industriel pour les outils de gestion intelligentede la consommation d’énergie dans les bâtiments.Je tiens à souligner l'importance du marché intérieur pour l'Europe. L'élimination desobstacles au marché intérieur est une des solutions à la crise.Nous invitons aussi les États membres, les autorités centrales, régionales, localeset communales à stimuler la demande d'outils innovateurs de TIC partout où ilspeuvent servir les politiques climatique, environnementale, énergétique etindustrielle.Je me dois aussi de mentionner le milliard d'Euros provenant du budgetcommunautaire qui a été décidé pour améliorer l'infrastructure de l'internet à hautdébit en zone rurale. Les connexions rapides et de qualité sont indispensables pourpermettre aux citoyens d'utiliser toutes les applications à déployer: eHealth,eAdministration, eLearning et aussi pour nr pas obliger les industries à migrer deszones rurales vers les villes. D'où mes actions pour assurer le "Broadband for all". Ila été estimé que le développement de l'internet à haut débit partout et pour tousaugmentera le revenu économique de 850 milliards d'Euros et créera un million denouveaux emplois à l'échéance 2015.
Extrait du discours de Viviane Reding prononcé le 3 avril 2009 lors du séminaire "Green ICT" organisé par FEDIL

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